La galerie est heureuse de présenter Lumière fossile une exposition de Bernard Moninot. Elle fait suite à l'importante rétrospective consacrée à l'artiste qui a été présentée successivement - de juillet 2021 à juin 2022 - dans trois institutions différentes : le domaine de Kerguéhennec dans le Morbihan, le musée de l'Hospice Saint-Roch à Issoudun et la fondation Maeght à Saint-Paul de Vence. Ces expositions montraient le travail des dix dernières années et ont été accompagnées d'une monographie "Le Dessin élargi", avec des textes de Catherine Millet et Jean-Luc Nancy, publiée aux éditions In Fine.
L'exposition à la galerie présentera une sélection d'oeuvres récentes dont les délicates sculptures "Lumières fossiles" réalisées en reliant des pentacrines (fossiles d'animaux datant de 200 000 millions d'années) avec de la corde à piano. Évoquant des constellations, elles s'accrochent légèrement à distance du mur, des ombres portées apparaissent et renforcent leur inscription très graphique dans l'espace. Ces créations sont emblématiques du travail de Bernard Moninot, qui allie un esprit scientifique à une grande poésie et envisage au dessin au sens « élargi ». Il cherche à saisir l'insaisissable, questionne les phénomènes naturels et les éléments ; la lumière, le vent, le ciel sont au centre de ses recherches et de ses oeuvres par lesquelles il tente de montrer l'invisible.
Face à ces sculptures célestes "Lumières fossiles", des dessins de petit format sur fond noir, aux dimensions variables, forment la série "La voie lactée". Une autre série, inédite, réalisée cet été sera également présentée dans l'exposition. Intitulée "Lenz" c’est un hommage au texte de Georg Büchner de 1839 qui relate la fuite d’un homme dans la montagne, qui cherche quelque chose comme des rêves perdus.
« Ces dessins sont réalisés avec une mine graphite sur papier velours, support très sensible, blanc comme le givre mais doux comme une peau de pêche. Pour réaliser ces dessins je serre dans la main gauche une pierre ramassée dans les montagnes du Val d’Aoste que j'observe dans tous ses infimes détails comme une carte d'état-major. Dans l'autre main je tiens le bâton de la mine graphite qui glisse, s'arrête et se promène sur la pente du velours dans un silence ouaté.
La pensée, elle, par instant est en apnée pour rester au plus près du souvenir de l'air agissant sur le trait qui s'enfonce dans son sillage vers ce qu'il ne sait pas encore, en offrant au dessin l'éther d'un nouvel espace. Le dessin est déjà là en acte dans le corps, il faut l'entendre pour le capturer. À l'écoute du silence qui se confond avec le blanc de la page, le dessin commence bien avant le premier trait, le geste en
suspens est déjà un dessein : une visée sans cible. »
Le dessin de Bernard Moninot est un trait libre, à l'encre, à la peinture, au graphite, sur fond blanc ou noir, presque musical, il est une recherche permanente de la mémoire dont parle Jean-Luc Nancy « l'étrange mémoire de ce qui jamais ne fut déposé dans un souvenir » (1).
(1) In « Immémorial », un texte de Jean-Luc Nancy dans "Bernard Moninot/Le Dessin élargi", In Fine éditions d'art, 2021
Bernard Moninot est né à Le Fay (Saône-et-Loire) en 1949. Il vit et travaille entre Paris et Château-Chalon dans le Jura.
Il étudie aux Beaux-Arts de Paris à la fin des années 60 et commence à exposer à partir de 1970 à la Biennale de Paris, au CNAC, à la galerie Lucien Durand, puis à la galerie Karl Flinker.
Sa première exposition personnelle a lieu en 1974 au musée d'Art moderne et contemporain de Saint-Étienne. Il participe ensuite régulièrement à d'importantes expositions collectives à la Dokumenta de Kassel, au musée d'Art moderne de la ville de Paris (MAMVP) ou au musée des Sables d'Olonne. En 1979 a lieu une nouvelle exposition personnelle, à la fondation Maeght cette fois, proposée par Jean-Louis Prat.
Dans les années 80, il poursuit ses recherches, tournées de plus en plus vers l'étude des phénomènes naturels, avec une volonté de repousser les limites du dessin. Il réalise des commandes publiques et enseigne à l'école des Beaux-Arts de Bourges, puis à celle d'Angers.
Dans les années 90, il présente son travail à la galerie Montenay à Paris et chez Andata/Ritorno à Genève. En 1997, une nouvelle exposition personnelle ouvre ses portes à la galerie nationale du Jeu de Paume à Paris dirigée par Daniel Abadie, et l'année suivante au musée des Beaux-Arts de Dôle, mais aussi dans des musées écossais et finlandais.
À partir de 1999, il commence à collecter les « dessins du vent » avec un instrument de son invention, cette entreprise baptisée "La Mémoire du vent" le fait voyager et exposer dans de nombreux pays depuis plus de vingt ans.
Entre 2005 et 2012, il expose à la galerie Baudoin Lebon. Il est professeur de dessin à l'école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris de 2006 à 2015.
L'année 2009 marque le début de la collaboration avec la galerie Catherine Putman. Il continue à réaliser d'importantes installations et participe à de nombreux projets, expositions, revues et foires liées à la question du dessin dont sa pratique reste intense.
Une monographie parue en 2013 aux éditions André Dimanche retrace son travail de 1972 à 2012. Il commence ensuite à collaborer avec la galerie Jean Fournier en 2015.
Entre 2021 et 2022, une exposition personnelle est présentée au Domaine de Kerguéhennec dans le Morbihan, sous le commissariat d'Olivier Delavallade. Elle se poursuit au musée de l'Hospice Saint-Roch à Issoudun et s'achève à la fondation Maeght à Saint-Paul de Vence.
Expositions en cours :
"Bernard Noël, Bernard Moninot, Un toucher aérien", musée départemental des Hautes-Alpes, Gap
"Le Vent. «Cela qui ne peut être peint»", Musée d'art moderne André Malraux - MuMa Le Havre
"La Mémoire du vent, Bernard Moninot" au Château de Talcy dans la Loire
Lumière fossile
15 Septembre - 10 Novembre 2022