La galerie Catherine Putman est heureuse de présenter la nouvelle exposition d’Agathe May "Le Miroir aux alouettes".
De ces étonnants objets, pièges utilisés par les chasseurs pour attirer les alouettes, a découlé une expression populaire qui dit bien ce qu’elle veut dire : l'oiseau est séduit, attiré et trompé. Le mouvement et l'éclat surnaturel de l'objet aiguise sa curiosité et il ne peut y résister.
Les titres des œuvres exposées reprennent l'intitulé de l’exposition puis le prolongent par "Un Fil à la patte". Ils sont donc au cœur de cette problématique contemporaine ici représentée par des visages penchés vers le sol, éclairés par les écrans des portables et autres ordinateurs. Les visages dans cette lumière crue sont hypnotisés, absorbés par cette source d’énergie, recréant après Georges de La Tour, cette impression de l’individu cerné par l’obscurité.
Dans "La Caverne", l'homme ultra connecté, engourdi, est un homme entravé et dépendant d'un réseau de câbles et branchements entremêlés. Il n'a plus besoin de se confronter à la réalité du monde. La virtualité des choses et des êtres lui suffit. Ses yeux, habitués à la lumière de l’ordinateur, ne voient plus le ciel. Il vit dans l’opacité. "Le Rideau" est fermé : un monde factice vaut mieux – même si on le sait insuffisant et bancal.
En contrepoint de ces œuvres, la femme semble prendre une place plus courageuse et solaire, plus ancrée "Entre ciel et terre", malgré les contraintes, les pièges et les empêchements auxquelles elle est habituée, pour vivre dans un monde rétréci devenu "Un si petit jardin". Les enfants continuent à construire leur "Cabane", rêvant encore à leur vie d’adulte future.
Dans presque chaque gravure, l’animal observe l’humain – alors que les hommes se mettent à l’abri en se contentant d’illusoire, devenus aveugles, sourds et sans voix –, ce sont eux les plus lucides et les plus capables de juger de leur folie.
Curieuse exposition où tous les thèmes abordés peuvent être relus dans une actualité aujourd’hui dépassée ou en cours mais qui se révèle toutefois quelque peu prémonitoire lorsqu’on connaît leur date de réalisation : entre 2016 et 2019.
L'exposition se termine avec "À fleur de peau", où l'artiste se représente comme sur un bûcher, brûlée par les informations d’un journal quotidien, se bouchant les oreilles et se refusant de voir, ne supportant plus les drames, les plaintes et les douleurs du Monde. "Le Miroir aux alouettes" évolue alors vers un autre proverbe : « faire l’autruche ». Rien de bien nouveau sur la planète.
C’est une hypersensibilité au monde et un regard critique sur la société contemporaine qui se révèle à chaque exposition de l’artiste.
Dans "Les Cracheurs", c’était l’adolescence et le rapport au corps ; dans "Haute et basse cour", les rapports humains étaient questionnés ; dans "Outrage", le rapport à la nature.
Agathe May est née en 1956, Neuilly-sur-Seine. Elle vit et travaille à Montreuil.
Diplômée de l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs, Paris, en 1979, elle a été pensionnaire de la Villa Médicis puis de la Villa Kujoyama, Kyoto, Japon.
Elle a reçu, en 2017, le prix Mario Avati de l’académie des beaux-arts de Paris suivie d’une exposition personnelle à l’institut de France.
Les gravures, d'Agathe May, réalisées en xylographie, sont encrées comme des peintures, tirées à la main, assemblées, collées, rehaussées. L'artiste fait de chaque tirage un exemplaire unique, une image à chaque fois réinventée. Cette technique exigeante est la matérialisation de son oeuvre riche et singulier.
"Le Miroir aux alouettes"est la cinquième exposition personnelle d’Agathe May à la galerie depuis 2007.
Le miroir aux alouettes
16 Janvier - 13 Mars 2021