Dans le contexte si particulier de cette année 2020, où tant de projets ont dû s'annuler ou être reportés, le Pari(s), La Semaine de l'Art, sous l’égide du Comité Professionnel des galeries d’art, rassemble l’ensemble des initiatives, collectives ou individuelles, prises par près de 200 galeries parisiennes pour faire de la traditionnelle semaine de la Fiac (elle aussi annulée) un temps fort de l’art contemporain.
Ainsi, le temps d’une semaine, du 20 au 25 octobre, nous poussons les murs de la galerie pour accueillir - à côté de l’exposition « Réjouis-toi » de Gérard Traquandi - une proposition d’Antoine Marquis et Frédéric Poincelet.
Complices de longues dates, tous deux empreints d’une forte culture du dessin contemporain, entre eux échanges et discussions sont une véritable émulation. L’an dernier Frédéric Poincelet avait déjà invité Antoine Marquis à exposer à la galerie dans la collective Des Fleurs pour Valentin. Cette année, à l’occasion de notre participation à Paréidolie - salon international du dessin contemporain à Marseille (reporté en 2021) – nous leur avions proposé d’instaurer un dialogue entre leurs dessins autour des questions du paysage et de l’architecture.
Atemporels, les dessins d’Antoine Marquis sont le fruit d’une culture toute personnelle acquise en autodidacte, au contact des gravures de Fernand Khnopff et de Gustave Doré, de la peinture de Philip Guston, des films de Eric Rohmer et Dario Argento mais aussi, comme Frédéric Poincelet, de la fréquentation de librairies underground parisiennes à la fin des années 1990.
D’une manière générale, ses dessins oscillent entre un monde classique finissant, empreint de culture française muséale et un monde plus populaire, faubourien et humoristique. Entre la vie de château et le pied des tours HLM. Entre le traditionalisme distingué et la débrouille joyeuse. Réalisés par report de poudre graphite ou de pigments sur toile, ses derniers paysages de cités brutalistes dans la nuit ou de manoirs-masures incarnent ces mondes en suspend.
Frédéric Poincelet se situe dans une pratique du dessin qui ne se justifie que pour lui-même, qui n'est au service d'aucune autre pratique artistique, en cela il s'inscrit dans une tradition allant de « L'Assiette au Beurre » à « Bazooka », du « New Yorker » à « Elles sont de sorties », et se nourrit aussi de sa pratique de la bande dessinée.
Les paysages ont la part belle dans ses dessins. Urbains, campagnards ou sauvages, ils offrent une promenade dans une succession de lieux mystérieux, à l’abandon, en explosion. Des paysages imaginaires qui sont réalisés, exclusivement au stylo à bille, avec une minutie ultra-réaliste. Une rupture de l’espace, un détail étrange, une erreur nous déconcertent, et les couleurs ajoutent à ce côté irréel, psychédélique.
En même temps qu’Antoine Marquis travaille à cette série de paysages urbains et de maisons désolées, de la banlieue parisienne au hameau de la reine à Versailles, Frédéric Poincelet dessine des châteaux sans accès à l’architecture absurde et des cabanes au fond des bois. Le dialogue prend.
La Mauvaise étoile
20 - 25 Octobre 2020