L'exposition « signées et numérotées » présente l'ensemble des éditions produites par la galerie entre 2015 et 2020. Près d'une soixantaine d'oeuvres imprimées, originales et multiples, réalisées par Georg Baselitz, Pierre Buraglio, Alain Clément, Bernard Moninot, Frédéric Poincelet, Sophie Ristelhueber, Georges Rousse, Gérard Traquandi, Eloïse Van der Heyden et Claude Viallat ont été éditées par la galerie.
Une édition est une oeuvre originale. Son procédé de création permet à l'artiste d'en réaliser plusieurs exemplaires, qui sont signés et numérotés ; on parle aussi de multiple, et plus précisément, lorsqu'il s'agit d'une oeuvre imprimée sur papier, d'estampe (terme désignant toutes les formes d'impression sur papier).
À l'initiative de l'artiste ou de la galerie, ces projets éditoriaux prennent des formes très diverses en fonction du travail de chacun, de la technique choisie et de l?imprimeur impliqué dans la collaboration. C'est à chaque fois une histoire différente et toujours un projet commun.
L'édition d'art est l'activité historique de la galerie, initiée dès les années 60 par Jacques Putman (1926-1994), critique d'art belge devenu marchand et éditeur d'art. Il travaillait avec Bram van Velde, Pierre Alechinsky, Jean Messagier ou Max Ernst, pour ne citer qu'eux. Rejoint par Catherine Béraud (1949-2009) qui deviendra son épouse, ils développent cette activité singulière d'éditeurs d'estampes contemporaines s?ouvrant à de nouvelles collaborations, avec Jean-Pierre Pincemin, Pierre Buraglio, Claude Viallat puis Georg Baselitz, Geneviève Asse, Balthasar Burkhard et bien d'autres. Sans être imprimeurs, ils travaillent comme des entremetteurs entre ces derniers et les artistes.
Lorsque, en 2005, Catherine Putman ouvre la galerie éponyme rue Quincampoix, elle la dédie aux « oeuvres sur papier », conservant cette activité d'éditeur d'art tout en s'ouvrant aux pièces uniques sur papier.
Cette exposition montre la grande variété de l'estampe contemporaine : les gravures sur cuivre, eau-forte ou aquatinte, de Georg Baselitz ou d'Alain Clément, les lithographies de Frédéric Poincelet, les xylographies de Gérard Traquandi. Ces oeuvres sont réalisées avec des techniques traditionnelles, maniées avec un savoir-faire et une culture de la gravure.
D'autres créations sont plus expérimentales. Bernard Moninot grave le carton au cutter pour en faire une plaque de gravure. Claude Viallat, avec une même matrice elle aussi en carton, réalise des oeuvres à l'encre sérigraphique en changeant chaque fois les couleurs, on parle alors de monotypes. Lors du passage sous la presse, Eloïse Van der Heyden dépose sur la plaque de cuivre travaillée à la pointe sèche et à l'aquatinte, une branche de mimosa chaque fois différente, les tirages sont donc des variations. Pierre Buraglio varie lui les supports et rehausse les tirages, qu'il réalise maintenant grâce au développement du numérique. Ces impressions numériques pigmentaires permettent à des artistes comme Georges Rousse ou Sophie Ristelhueber de réaliser des tirages de grande qualité.
Faire une estampe, pour ces artistes, c'est travailler autrement qu'avec ses moyens d'expression habituels que ce soit la peinture, la sculpture, le dessin ou la photographie. La pratique de l'estampe complète les autres disciplines, demande une autre exigence, des contraintes techniques. Elle est aussi un moyen de rendre plus accessibles des oeuvres d'artistes prestigieux. La galerie, qui présente surtout des expositions monographiques, souvent axées sur les oeuvres uniques sur papier de ses artistes, est heureuse de présenter cet ensemble et de mettre en avant cette activité singulière d'éditeur d'art.
Signées et numérotées
7 Novembre - 19 Décembre 2020