La galerie Catherine Putman est heureuse de présenter « On pleure devant une vallée perdue » une exposition de Jean Messagier (1920-1999).
Cette exposition résulte d’un choix dans le fonds exceptionnel de dessins et gravures constitué par une longue collaboration entre l’artiste et Jacques et Catherine Putman qui l’ont ardemment défendu.
Personnage haut en couleur, artiste généreux et prolifique, créateur aux multiples facettes, Jean Messagier est un peintre, sculpteur et graveur français. Rattaché à différents mouvements artistiques d’après-guerre, il n’a jamais voulu choisir entre l’abstraction et la figuration. Son œuvre se caractérise avant tout par une extrême exubérance et une grande poésie. Prise dans sa globalité - il était également poète, compositeur, militant et organisateur de fêtes etc. - son œuvre se comprend dans son rapport à la vie et à la nature qu’il cherche à saisir pleinement, dans ses mouvements et ses transitions.
Les œuvres présentées dans l’exposition sont réunies sous le titre "On pleure devant une vallée perdue", titre d’une peinture sur papier éponyme, l’art à l’épreuve de la nature, au-delà du paysage. Dès les années 50, il travaille en contact direct avec la nature, sculptant le sable, la neige ou les herbes fauchées. A partir de la fin des années 60 et du début des années 70, cherchant la place de l’homme dans la nature et de la nature dans l’art, Jean Messagier expérimente de nouvelles techniques, de nouveaux matériaux et s’attèle à saisir la nature.
Dans la série des « gels », la nuit par des températures inférieures à zéro, il capture les dessins de l’air et du froid qui s’inscrivent dans la peinture à l’eau. « Je me dirige vers l’écologie, je dois maintenant me servir de tous les éléments, de leur prolongation, de leurs effets » (...) « C’est ainsi que je suis arrivé aux empreintes d’herbes et surtout aux gels que je plaquais mécaniquement sur la toile pour qu’ils y laissent leurs traces ». "L’amour chez les noisettes", "Des fleurs pour l’Asie", "On pleure devant une vallée perdue" résultent de ce procédé.
Dans les années suivantes, Jean Messagier dans "Thalamus pour deux printemps", "Les narines ouvertes sur le grand beau temps", "Le sacre des têtards" introduit des couleurs vives à la gouache ou au pastel et surtout à la bombe aérosol fluo, qu’il utilise également en hiver 1976 pour dessiner sur la neige.
Ce sont ces expérimentations de la fin des années 60 qui l’entraînent vers la pratique du monotype. « le monotype était exactement à mi-chemin entre la gravure et la peinture » et permet aussi cette captation directe de matière, objets ou végétaux. Une dizaine de peintures et monotypes sur papier présentés dans l’exposition témoigne donc de cette alliance de nature, d’humour et de poésie.
L’exposition rassemble également une sélection de gravures, pointes sèches et aquatintes, réalisées entre la fin des années 60 et le début des années 90. Jean Messagier a commencé la gravure en 1944 après sa formation à l’école nationale supérieure des arts décoratifs, pratique qu’il va superposer à la peinture. « Dans le fond, j’ai eu envie de faire de la gravure parce que je savais très bien qu’il était impossible avec la peinture d’obtenir ce fourmillement, d’arriver à ce plaisir incroyable de la ligne. » Puis l’usage de l’aquatinte apporte le plaisir de la couleur.
Jacques Putman est donc le principal éditeur des gravures de Jean Messagier à partir de 1968, s’occupant également de la fonte de ses sculptures. L’artiste participe aussi à toutes les éditions des « Suites Prisunic de gravures originales contemporaines » entre 1967 et 1971. Sur une proposition de Jacques Putman, dans un esprit de démocratisation de l’art, les magasins Prisunic proposaient à la vente pour 100 Francs des gravures d’artistes contemporains, tirées à 300 exemplaires. Jean Messagier avec Alechinsky, Wilfredo Lam, Roberto Matta, Reinhoud et Bram van Velde sont présents dès la première édition, suivis bientôt par Tal Coat, Arman, Dewasne, Jean Tinguely, Christo et d’autres.
Toutes les citations de l’artiste sont extraites de l’entretien de Jean Messagier, avec Daniel Meiller et Patrick Le Nouene dans "Messagier, les estampes et les sculptures, 1945-1974", Yves Rivière, Arts et Métiers Graphiques, Paris, 1975. Page 19- 23
On pleure devant une vallée perdue
13 Janvier - 10 Mars 2018