Né au nord du Japon en 1981, diplômé en art à la Tama University of Art de Tokyo, Keita Mori poursuit ses études à Paris en 2005 à l'Ensba, puis de nouveau en 2009 pour un master en Arts Plastiques à l'université Paris VIII. Il s'installe en France en 2011 et y développe un travail singulier de dessin, exclusivement réalisé avec des fils, tendus et collés, sur papier ou directement sur les murs.

Pas de travail préparatoire au crayon, les œuvres de Keita Mori, qu'il désigne sous
le terme générique de « Bug report », sont improvisées et comprennent certains éléments formels récurrents baptisés « circuit », « flux », « Potemkin stairs » etc. Si sa technique et la rigueur de la manière dont il tire ses lignes frappent l'observateur au premier abord, ce sont les accidents, les détails inopinés qui en créent toute la poésie.

« Trouver la forme juste ne relève pas seulement d'une intelligence conceptuelle, mais d'une réelle poétique du dessin. La simplicité et le raffinement de sa technique procède d'une économie de moyens, qui se manifeste dans la chorégraphie virtuose de ses gestes où tour à tour fils de coton, de lin, de soie, de laine ou de nylon, pistolet à colle et cutter orchestrent le surgissement d'un dessin. Il en va d'une intimité du dessin dans une concomitance du geste de ses mains et du déplacement de ses yeux. » Pascal Neveux *

Pour le titre de sa nouvelle exposition à la galerie, Keita Mori a choisi une formule en
japonais relevant du procédé littéraire de l'antanaclase, répétition d'un même mot de deux sens différents. « Ito no ito », traduit en français par « dessein de fil ».

Ce n'est pas la première fois qu'il utilise cette figure de style pour nommer une
exposition et c'est assez cohérent, car dans ses œuvres, systèmes, architecture, rhizomes, circuits électroniques et formes d'écriture sont eux-mêmes polysémiques.
Il en va de ses lignes abstraites comme de certains mots, ils nous invitent à différentes lectures possibles.

D'une langue à l'autre, Keita Mori joue avec les mots. « Ito » est le « dessein », c'est-à-dire le projet, mais aussi l'origine étymologique du mot « dessin », représentation graphique, qui est au cœur son travail. Et ses dessins sont des intentions, des lignes spontanées qui nous mènent d'un point à un autre par l'élaboration d'un espace sur une surface plane. « Ito » est aussi le fil, qui est pour Keita Mori l'outil du dessin. D'un mot, l'artiste dit l'essence de son travail.

Dans l'exposition, le dessin se déploie à plusieurs échelles, sur papier Arches, support qu'il affectionne, dans de petits et grands formats, mais aussi in-situ pour une installation éphémère et monumentale réalisée directement sur les murs de la
galerie. Les fils de coton, de soie, de laine ou en corde s'accumulent, se croisent, forment lignes droites, cercles et ellipses. Si le bleu outremer domine depuis longtemps dans sa palette, une importante variété de couleurs fait son apparition et de nouveaux motifs émergent au gré des expérimentations.

Depuis plus de dix ans, Keita Mori réalise de manière obsessionnelle des œuvres au fil, avec cette technique exclusive et personnelle qu'il ne cesse de faire évoluer. Comme un langage, son dessin s'est enrichi, développé avec le temps, et tel un espéranto, traverse les frontières. Son univers graphique s'expose en Europe, comme au Japon.


*Extrait de "Keita Mori, métaphoriques horizons", publié en mars 2023 dans le catalogue de l'artiste par la Résidence Saint-Ange. Pascal Neveux est le directeur du Fonds Régional d?Art Contemporain de Picardie Hauts-de-France.

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Né en 1981 à Hokkaido au Japon, Keita Mori vit et travaille à Paris. Après des études à la Tama University of Art (Tokyo), il complète sa formation à l'Université de Paris VIII en Master et à l'École Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris sous le parrainage de l'agence pour les affaires culturelles (Bunka-cho).

Une exposition personnelle au Drawing Lab Paris en 2017 lui est consacrée pour l'ouverture de ce lieu dédié au dessin contemporain. Il a participé à de nombreuses expositions, Musée d'art contemporain de Tokyo; National Art Center, Tokyo; Kunstmuseum Wolfsburg, Wolfsburg; Aomori Contemporary Art Center, Aomori, Japon.

Ses œuvres font partie de plusieurs collections privées et publiques dont «1 immeuble, 1 œuvre » sous l'égide du ministère de la Culture et le Fonds de dotation Emerige, Massy; FRAC Sud, Marseille; FRAC Nouvelle-Aquitaine MÉCA, Bordeaux, FRAC Picardie.