La galerie est heureuse de présenter une nouvelle exposition de Frédéric Poincelet.
Ses dessins, figuratifs sans être narratifs, se nimbent de mystère, certaines scènes peuvent sembler étranges. Le titre de l'exposition, "Le Satan" souligne cette incongruité, alors qu'aucune incarnation du mal ne figure véritablement dans les oeuvres. Friand de signes ésotériques, quand l'artiste en glisse dans ses compositions, c'est davantage la propre tentation du créateur qu'il évoque, celle des effets du style ou des influences insidieuses de la tendance, à l'heure de l'hégémonie de la peinture figurative. Mais Frédéric Poincelet nous montre ici des oeuvres qui - par un formidable équilibre du dessin, toujours au stylo à bille, et de la couleur au lavis d'encre - trouvent leurs sujets et délivrent les désirs de l'artiste. Ainsi en invoquant Satan il le révoque.
« Imaginons que le nom de Frédéric Poincelet s'est perdu un jour, à la suite d'une grande panne informatique qui fit disparaître tous les sites, les catalogues des bibliothèques. Les dessins qui ne manqueraient de subsister imposeraient alors de fabriquer ce que l'on appelle un nom de commodité, comme les historiens de l'art le font quand les archives manquent à nous renseigner sur l'identité d'un artiste dont quelques oeuvres fortes témoignent de l'importance. Il y a un nom qui m'a toujours fait rêver : le maître aux petits points, un artiste de l'entourage d'Ingres qui dessina des vues de Rome dans un langage plein de subtilité, jouant justement des points pour tracer des lignes. Frédéric Poincelet serait alors le maître des traits parallèles, ou le maître aux traits serrés. Qu'il les tire au moyen d'un Bic pour figurer les ombres sur une pelouse, ou les demi-teintes sur un corps, ou encore les coussins d'un canapé, ces traits imposent d'emblée une rythmique aussi poétique que rigoureuse. Mais on oublierait presque ce langage formel à regarder les scènes dans les images de Frédéric Poincelet, demi-jours dans lesquels des figures endormies ou rêveuses se sont installées. »
François-René Martin
Professeur d'histoire de l'art,
École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, École du Louvre.
Coordinateur du Centre de recherche de l'École du Louvre.
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Frédéric Poincelet.
Né en 1967, il vit et travaille à Paris.
Frédéric Poincelet étudie le graphisme et édite en parallèle des livres d'artistes, il s'occupe un temps de la structure Lune Produck/Art contemporain. Il participe notamment aux revues "Le dernier cri", "Hôpital brut", "Bang!", "Tecknikart", "Double"... C'est en 1998 que Frédéric Poincelet rejoint l'éditeur "Ego comme x".
Outre ses livres chez cet éditeur, dont il est aussi le graphiste attitré, il réalise plusieurs reportages dessinés pour les revues "Bang!" et "Beaux-Arts Magazine".
Sur la lancée de son dernier livre "Mon bel amour", il entame en 2006 une collaboration avec le magazine "Psychologies", traitant de la sexualité féminine, collaboration qui s'achève en 2008. La même année, il réalise pour le quotidien "Libération" deux pages de reportage/BD sur Sasha Grey, la porno-star américaine.
Parallèlement à cette carrière d'auteur de bande dessinée, Frédéric Poincelet est une figure importante de la scène du dessin contemporain, participant entre autres à l'exposition "Dessins pointus". Avec le collectif Frédéric Magazine, dont il est un des membres fondateurs, participe à l'exposition "La force de l'art" au Grand Palais. Frédéric Magazine se place dans une position de revendication du dessin, de cette pratique du dessin qui ne se justifie que pour lui-même. C'est-à-dire qui n'est au service d'aucune autre pratique artistique plus noble. Leur dessin n'est pas une pratique du croquis, ou de l'étude intermédiaire à la grande oeuvre que sera une peinture ou sculpture à venir... Le dessin est sa propre justification et sa finalité même, en cela il peut se revendiquer d'une tradition qui va de "L'Assiette au Beurre" à "Bazooka", du "New Yorker" à "Elles sont de sorties".
La Galerie Catherine Putman expose les dessins de Frédéric Poincelet depuis 2009.
Elle édite ses lithographies et sérigraphies depuis 2016.
Le Satan
15 Septembre - 4 Novembre 2023