La galerie Catherine Putman est heureuse de proposer une nouvelle exposition de Jean Messagier (1920-1999). Elle présentera en parallèle une sélection de ses oeuvres à l'occasion de la prochaine édition d'Art Paris.
Peinture, gravure, sculpture, l'oeuvre protéiforme de Jean Messagier traverse toute la seconde moitié du XXe siècle et n'a cessé d'évoluer. L'exposition présente un florilège de dessins et de peintures sur papier datant des années 70 et un ensemble remarquable de monotypes des années 60.
La variété des propositions reflète la liberté de création, chère à l'artiste.
Dans les années 70, Jean Messagier aborde le dessin avec le pastel gras, le crayon de couleur, la peinture aérosol ou la gouache dans un geste ample, fait de volutes et d'enroulements. Souvent associé à l'abstraction lyrique, le nuagisme ou encore la seconde école de Paris, Messagier n'a jamais revendiqué d'appartenance à un mouvement artistique, comme il n'a jamais voulu choisir entre l'abstraction et la figuration. Seul l'esprit poétique et expérimental guide son travail.
Sa peinture à la bombe et ses collages de différents éléments annoncent le style plus expressionniste des années suivantes, marquant ainsi son goût pour la culture populaire. "Trop grande pâquerette", "Plusieurs matinées combattant la nuit", les titres, très visibles sur les oeuvres, font montre d'humour et de poésie, avec parfois un certain goût pour la provocation comme par exemple dans "Les sexes du printemps".
"La plaque de cuivre nue, moirée, s'en servir comme d'un miroir.
Oublier l'acide et les pointes et jeter l'encre à même le métal en fonction de son écrasement.
L'attente à la sortie des cylindres.
La peur du coup de fer.
D'un côté le papier vivant.
De l'autre le cuivre mort." Jean Messagier
Épigraphe du chapitre consacré aux monotypes dans le catalogue raisonné "Jean Messagier, les estampes et les sculptures", cette citation témoigne de l'attrait de l'artiste pour ce procédé. Le monotype relève des techniques de l'imprimerie avec une particularité majeure : la peinture réalisée sur cuivre (cela peut-être aussi sur zinc, plexi) est reportée par pression sur papier, ce qui permet d'obtenir un seul exemplaire, une oeuvre unique.
Le geste ample, coloré et brossé sur la plaque de cuivre est celui du peintre, mais c'est l'empreinte de l'encre qui crée l'oeuvre sur le papier. Synthèse parfaite de deux disciplines centrales dans sonoeuvre, on pourrait la qualifier d'estampe spontanée.
L'ensemble de monotypes des années 60 présenté dans l'exposition est caractéristique de sa peinture à cette période. La technique y ajoute des effets singuliers de brossage, lorsque le pinceau balaye la plaque de cuivre et d'écrasement, la matière s'imprime sous la presse créant alors des aplats denses, ici souvent à l'encre dorée. C'est la trace qui intéresse l'artiste, comme lorsqu'il saisit des empreintes de végétaux ou la cristallisation du froid.
Le printemps commence avec un orage
18 Mars - 28 Avril 2023